Ces troubles urinaires dont les femmes enceintes se passeraient bien...
C’est bien connu, être enceinte condamne à courir aux toilettes plus souvent qu’avant… plus ou moins rapidement :
- 6 femmes enceintes sur 10 connaissent des « envies pressantes » difficiles à retarder1.
- Chez 1 à 2 femmes enceintes sur 10*, ces « urgences » se soldent par une fuite urinaire.
- 3 à 4 femmes enceintes sur 10 présentent une incontinence urinaire « d’effort », à partir du 2ème trimestre. La fuite survient lors d’un éclat de rire, en faisant du sport, ou en soulevant une charge lourde... Toute activité qui augmente la pression à l’intérieur de l’abdomen est à risque.
En cause ? Le poids du bébé qui étire les muscles, ligaments et nerfs qui participent au maintien de l’appareil urinaire (notamment de l’urètre). C’est ce qui explique que 35 % des femmes enceintes pour la première fois se plaignent de fuites urinaires3. Toutefois, ces fuites sont plus fréquentes chez les femmes déjà mères. Les grossesses et accouchements par voie basse fragilisent le sphincter de l’urètre, qui peine parfois à assurer la continence.
*Les résultats des différentes études sur l’incontinence urinaire varient. Par ailleurs, leur niveau de preuve est parfois faible.
Sources
Cutner A, Cardozo LD, Benness CJ. Assessment of urinary symptoms in early pregnancy. Br J Obstet Gynaecol 1991; 98: 1283–6 C. Chaliha and S.L. Stanton « Urological problems in pregnancy » BJU International. Article first published online: 3 APR 2002 Chaliha C, Kalia V, Stanton SL, Monga A, Sultan AH. Antenatal prediction of postpartum urinary and fecal incontinence. Obstet Gynecol 1999; 94: 689±94Comment éviter les fuites pendant la grossesse ?
Vous n’êtes pas seule face à votre grossesse et ses difficultés. Depuis 2005, en France, une consultation doit être systématiquement proposée par le professionnel de santé qui confirme la grossesse : l’entretien prénatal précoce1. Objectif : planifier l’accompagnement des futurs parents tout au long de la grossesse2.
Au cours de cette consultation, qui se déroule généralement au premier trimestre, la sage-femme ou l’obstétricien évaluent l’état du périnée et les éventuels facteurs de risques qui pourraient induire une incontinence3. Le diagnostic de la fonction périnéale est posé : place à l’action ! >
Les séances de préparation à la naissance et à la parentalité sont des rendez-vous à ne pas manquer pour prévenir les fuites pendant la grossesse. On y découvre d’abord l’anatomie et la physiologie du périnée à partir de schémas et planches anatomiques. Puis des exercices pratiques, conduits par une sage-femme, permettent une prise de conscience et une maitrise, par les patientes, de leur musculature périnéale. Plus le périnée est solide, moins il y a de fuites !
7 séances prénatales de 45 minutes, individuelles ou en groupe, sont prises en charge par l’Assurance maladie3.
Sources
HAS - Recommandations professionnelles « Préparation à la naissance et à la parentalité » novembre 2005. INPES - Les séances de préparation à la naissance et à la parentalité "comprendre pour agir : fiche action N°12" (pdf) Université virtuelle de maïeutique francophone (UVMaF) « Dépistage et prévention des troubles périnéo-sphinctériens » Support de cours (pdf). Mars 2011.Et après l’accouchement ?
Ce n’est pas un mystère : l’accouchement par voie basse malmène le périnée. Affaiblies, les structures musculaires peinent à soutenir le sphincter de l’urètre dans son rôle de continence. Le risque d’incontinence augmente à chaque accouchement, si le travail est long, après extraction par forceps, déchirure, ou en cas de « gros bébé »1.
Dans les jours qui suivent l’accouchement, 12 % des femmes ayant accouché pour la première fois se plaignent de fuites urinaires2. Une fois encore, la sage-femme qui vous accompagne est la mieux qualifiée pour répondre à vos questions. Elle vous expliquera notamment le taux de progestérone encore élevé diminue pour le moment la tonicité du périnée3. Après le retour de couches, la situation évolue spontanément dans le bon sens !
Votre sage-femme vous donnera aussi des conseils précieux pour éviter les fuites urinaires dans les gestes du quotidien3. Elle vous indiquera par exemple comment porter bébé en station debout ou encore comment éviter la constipation et les efforts de poussées délétères pour le périnée.
Sources
VILLET R. : Prise en charge globale des troubles de la statique pelvienne. Vers une nouvelle entité : la pelvi-périnéologie. E-mémoires de l'Académie Nationale de Chirurgie, 2003 ; 2 : 53-58. Chaliha C, Kalia V, Stanton SL, Monga A, Sultan AH. Antenatal prediction of postpartum urinary and fecal incontinence. Obstet Gynecol 1999; 94: 689±94 Université virtuelle de maïeutique francophone (UVMaF) « Dépistage et prévention des troubles périnéo-sphinctériens » Support de cours (pdf). Mars 2011.Muscler son périnée pour éviter les fuites
Pendant la grossesse et juste après l’accouchement, une solution a fait ses preuves contre les fuites urinaires : la rééducation du périnée1. L’objectif est de muscler les muscles du plancher pelvien en pratiquant régulièrement des exercices communément appelés « exercices de Kegel ». Le Dr Kegel, le gynécologue américain qui a introduit ces exercices à la fin des années 1940, affirmait que 84 % des femmes qui pratiquent cette rééducation après l’accouchement se débarrassent de leurs fuites2.
Après le retour de couches, si la jeune mère se plaint de fuites urinaires, le médecin ou la sage-femme peuvent lui prescrire 10 à 20 séances de rééducation périnéale3. Remboursées à 100 % par l’Assurance maternité en France, les exercices sont conduits par une sage-femme, un kinésithérapeute ou un physiothérapeute. Le secret de la réussite de ce programme spécial périnée ? Une pratique régulière à la maison !