La cystectomie est l’intervention chirurgicale qui consiste à retirer la vessie sous anesthésie générale. Elle implique la mise en place d’un système de dérivation permettant d’évacuer l’urine. Cette intervention est pratiquée pour le traitement de certains cancers, ou chez certains patients atteints d’une maladie neurologique ou subissant des traitements lourds qui altèrent le fonctionnement de la vessie. Après une cystectomie, les fonctions urinaires, la sexualité et la fertilité sont altérées.
Qu'est-ce que la cystectomie?
La cystectomie est l’intervention chirurgicale qui consiste à retirer la vessie. L’intervention chirurgicale peut être réalisée par laparotomie (incision sous le nombril) ou par coeliochirurgie avec ou sans assistance robotique. Elle implique généralement le retrait de la prostate chez l’homme, et de l’utérus chez la femme.
Dans tous les cas, elle implique la mise en place d’un système de dérivation permettant de remplacer la vessie et d’évacuer l’urine produite par les reins.
Trois types de dérivation sont envisageables :
- La néo-vessie iléale, envisagée si l’urètre (tube qui permet l’évacuation de l’urine) peut être conservé : le chirurgien construit une vessie artificielle à partir d’un morceau d’intestin qu’il façonne en forme de réservoir. Il connecte ensuite cette poche aux uretères (tubes qui transportent l’urine depuis les reins) et à l’urètre. Cette néo-vessie permet l’évacuation des urines par voies naturelles ;
- La dérivation continente cutanée : le chirurgien construit une vessie artificielle à partir d’un morceau d’intestin qu’il façonne en forme de réservoir. Il connecte ensuite cette poche à un tube relié à un orifice au niveau de la peau qui permet au patient d’effectuer des vidanges manuelles régulières ;
- La dérivation urétero-iléale selon Bricker : le chirurgien prélève un segment d’intestin qu’il connecte aux reins par les uretères et qu'il relie à la peau à proximité du nombril. L’extrémité du segment forme un orifice visible sur l’abdomen qui sert de support à une poche externe fixée contre le corps dans laquelle les urines s’écoulent en permanence. Le patient doit vider et changer cette poche régulièrement.
Comment se déroule une cystectomie?
Se préparer à une cystectomie
Cette intervention nécessite une préparation, en particulier pour les patients plus fragiles (antécédents cardiaques, anticoagulants, diabète…) Au cours des 10 jours qui précèdent l’opération, le patient doit suivre des conseils d’usage donnés par l’équipe chirurgicale : repos, alimentation légère, arrêt du tabac, pas d’alcool…
L’intestin est susceptible d’être utilisé pendant l’intervention pour la mise en place d’un système de dérivation. Il doit donc faire l’objet d’une préparation par un régime sans résidu à débuter quelques jours avant l’opération.
La veille de l’intervention
Le patient entre à l’hôpital la veille de l’intervention. Il doit ingérer un liquide qui permet la vidange de l’intestin.
Les différentes étapes d’une cystectomie
- L’anesthésiste place un cathéter de péridurale sous anesthésie locale pour contrôler la douleur après l’opération. Puis il endort le patient totalement ;
- Le chirurgien retire la vessie (et souvent la prostate et l’utérus) par laparotomie ou coeliochirurgie ;
- Il met ensuite en place une dérivation urinaire pour l’élimination des urines .
En cas de cystectomie pour cancer, l’ablation de la vessie est associée :
- Chez l’homme, à un curage ganglionnaire (intervention chirurgicale qui consiste à retirer tous les ganglions lymphatiques de la zone où le cancer est susceptible de s’être propagé) et l’ablation de la prostate ;
- Chez la femme, à un curage ganglionnaire et l’ablation de la paroi antérieure du vagin et de l’utérus.
Pourquoi faire une cystectomie?
- La cystectomie est le traitement de référence pour les cancers ayant atteint le muscle de la vessie, la forme le plus sévère de cancer de la vessie ;
- La cystectomie peut être prescrite pour un cancer de la vessie n’ayant pas atteint le muscle en cas de récidives du cancer malgré les résections tumorales (retrait de la tumeur sur l’organe) et le traitement médicamenteux prescrits en première intention ;
- Enfin, l’ablation de la vessie peut être envisagée chez certains patients atteints d’une maladie neurologique ou subissant des traitements lourds (radiothérapie) qui altèrent le fonctionnement de la vessie.
Après une cystectomie
Les jours suivant l’opération
- Le patient est placé en soins intensifs pour que l’équipe médicale contrôle la douleur (cathéter de péridurale), la fonction urinaire (analyses sanguines), le bon fonctionnement des dérivations et la reprise du transit ;
- L’urine est drainée par des sondes, et la zone opérée est drainée par des drains extériorisés de part et d’autre de l’incision abdominale ;
- L’équipe veille à ce que le patient reprenne une autonomie le plus rapidement possible ;
- La durée d’hospitalisation est au minimum de 10 jours.
Risques et complications
Des complications peuvent se manifester dans les jours qui suivent l’intervention :
- Saignements ;
- Phlébite et embolie pulmonaire ;
- Infections (urinaire, de la paroi, de la cicatrice ou généralisée) ;
- Complications urinaires (dilatation de la vessie intestinale, rétrécissement au niveau de la suture entre l’intestin et les conduits urinaires…) ;
- Complications digestives (occlusion intestinale, ulcère de l’estomac…)
Effets secondaires
La cystectomie est une intervention qui entraîne des séquelles sur les fonctions urinaires et sexuelles :
- La sexualité et la fertilité sont altérées ;
- Chez l’homme, le retrait de la prostate entraîne une perte de certains mécanismes de l’érection ;
- La continence (capacité à contrôler l’émission d’urine) est très modifiée ;
- La nuit, les patients doivent se réveiller pour vider la vessie et éviter d’avoir des fuites.