Ils nous aident à nous défendre contre les agresseurs venus de l’extérieur, en détruisant les bactéries, les virus et autres substances étrangères. Les anticorps sont très connus du grand public, encore plus depuis l’arrivée du Covid-19 dans nos quotidiens. Les plasmocytes, pourtant responsables de la fabrication de ces anticorps, le sont beaucoup moins. Hématologue au CHU de Nantes, le Dr Benoît Tessoulin fait les présentations.
Que sont les plasmocytes ?
Les plasmocytes sont des cellules mesurant environ 15 à 20 µm de diamètre, de forme ovale ou arrondie. « Il s’agit d’un type de globules blancs. Ils représentent une population de lymphocytes B activés à un stade de différenciation utile, au cours duquel ils produisent des anticorps, petites protéines. On les trouve uniquement dans la moelle osseuse », répond le Dr Benoît Tessoulin.
La moelle osseuse, c’est la substance qui se trouve à l’intérieur des os (principalement le sternum, les côtes, les vertèbres et os du bassin), et qui fabrique les différentes cellules du sang : les globules rouges qui transportent l’oxygène, les globules blancs qui protègent notre organisme des agressions, et les plaquettes qui permettent la coagulation du sang. Il ne faut pas la confondre avec la moelle épinière, qui transmet les messages du cerveau au reste du corps.
Quel est leur rôle ?
« Comparables à de véritables micro-usines, les plasmocytes sont une catégorie particulière de globules blancs capables de produire plus d’un millier d’anticorps par seconde », peut-on lire sur le site de l’Inserm.
En produisant des anticorps, ou immunoglobines, ils nous protègent ainsi des agents considérés comme pathogènes (virus, bactéries, etc.). Les anticorps les reconnaissent comme étrangers à l’organisme, et à leur contact, déclenchent une réponse immunitaire. « C’est cette réaction qui permet de guérir les infections », explique le Dr Tessoulin. Mais ces anticorps ont une face moins reluisante, car ce sont aussi eux qui, parfois, en se trompant de cible, peuvent déclencher des maladies auto-immunes.
Quelles sont les maladies liées à un dérèglement des plasmocytes ?
« Quand ils deviennent malins, les plasmocytes vont donner une maladie qui peut s’exprimer de deux manières différentes : un myélome multiple ou des plasmocytomes », explique le Dr Tessoulin.
Myélome multiple et plasmocytomes
Le myélome multiple est un cancer des plasmocytes. Alors qu’à l’état normal, la moelle osseuse contient une petite quantité de plasmocytes, lors d’un myélome, ils se multiplient en très grande quantité. « Les cellules myélomateuses peuvent former des tumeurs dans les os appelées plasmocytomes. Si on observe une seule tumeur dans un os, c’est un plasmocytome solitaire. Quand il y a beaucoup de plasmocytomes dans les os, on parle alors de myélome multiple », explique la Société canadienne du cancer sur son site.
En parallèle, le nombre de cellules sanguines normales, « saines », diminue, ce qui entraîne de nombreuses complications, variables d’une personne à l’autre : fatigue importante, infections à répétition, douleurs osseuses, insuffisance rénale…. Les causes sont encore mystérieuses. « L’exposition aux pesticides, en quantité très importante, est un des grands facteurs de risque connu », explique le Dr Tessoulin.
Diagnostic
Le diagnostic de myélome repose sur un myélogramme. Cet examen au microscope d’un échantillon de moelle osseuse (prélevé sous anesthésie locale) montre, en cas de myélome multiple, un nombre anormalement élevé de plasmocytes. Ce diagnostic peut être difficile à accepter. Les patients pourront trouver un réel soutien auprès d’une association comme af3m, association française des malades du myélome multiple (www.af3m.org).
« C’est une maladie chronique, avec des phases de rémission, entrecoupées de rechutes. Mais les traitements sont de plus en plus nombreux et personnalisés, pour avoir les phases de rémission les plus longues possible. Chez les jeunes patients, nous pouvons réaliser un traitement intensif avec une autogreffe. » Cela consiste à prélever les cellules souches du patient, puis à les réinjecter pour qu’elles refabriquent des globules rouges, des globules blancs et des plaquettes.
Traitements
Les traitements initiaux standards associent des combinaisons de traitements avec une immunothérapie et des corticoïdes. « Les essais cliniques ont permis des avancées considérables ces dernières années dans le traitement du myélome multiple. C’est la raison pour laquelle nous proposons presque systématiquement aux patients d’en faire partie », confie le Dr Tessoulin.
Pour continuer d’améliorer le pronostic et la qualité de vie des malades. « Le traitement progresse depuis environ 20 ans de façon continue et soutenue », se réjouissait d’ailleurs l’Académie nationale de médecine dans un communiqué, le 9 novembre 2022. « Le mot de guérison n’est plus tabou et certains patients d’âge avancé pourront bénéficier, même sans éradication définitive de leur maladie, de son contrôle prolongé tout en maintenant une qualité de vie correcte, grâce à des médicaments au profil de tolérance amélioré, l’espérance de vie avec un myélome rejoignant alors celle de sujets sans myélome. »